I'd like to understand... - malèa

Las Vegas, ville du péché. Rien de mieux pour assouvir ses désirs. Une rue sombre, une porte grinçante qui s’ouvre, un sachet et hop, c’est dans la poche. Je n’ai jamais vraiment pris conscience de mes actes, de cette connerie qui me bouffe, de jour en jour. Je n’y fais pas trop attention, c’est quotidien, et ça me fait de bien. Alors, pourquoi m’en ferais-je ?
Le miroir me renvoyait une image de moi, tout ce qu’il y a de plus détestable. Des cernes immenses, sous des yeux rougis par la fatigue. La nuit n’avait pas été très longue, et mon corps, désastre ambulant, me le faisait bien comprendre.
Je n’ai jamais pensé à la réaction de ma mère si je lui disais que son fils, son seul bonheur dans la vie, n’était en réalité qu’une vieille pourriture. Avouons-le, je n’avais pas fait une seule chose de bien dans ma vie. Mis à part l’« amitié » qui me lie à Malèa, enfin, amis et plus si affinité oui. D’ailleurs, celle-ci se faisait de plus en plus distante, mais pas moins souriante, si bien que ses sautes d’humeur me passaient sous le nez. Je la connaissais que trop bien pour avoir peur de sa fureur.
Ma chambre d’hôtel faisait office d’habitation. Je n’avais que faire d’une maison. Un beau trois pièces me convenait amplement. Et puis, je passais plus mon temps à vagabonder dans les ruelles de la ville que coucher sur mon lit constamment défait. L’état de la chambre ne me faisait ni chaud ni froid, en revanche, l’odeur de transpiration me répugnait. Je transpire énormément sous l’effet de la drogue, si bien que mes vêtements ainsi que la literie empestaient régulièrement. Ce qui était le cas, maintenant. Alors, machinalement, j’attrapais mes bottes Bikers et un vieux blouson usé par les années. La brise légère me remit quelque peu d’aplomb, et je sus me rendre, par quelques miracles inattendus, au Hard Rock Café. Quel bel endroit. Je m’y rendais régulièrement, buvais un verre en regardant la vue.
Mais mon esprit flâné, je n’avais pas la tête à ça. Mes pensées s’étaient subitement détournées, et j’en vins à réfléchir à Malèa. Aucunes bonnes raisons valables à mon comportement, mais je jugeais la distance qu’elle avait avec moi en ce moment étrange. Pourtant, rien ne pouvait expliquer cela. Et elle restait muette.

« Fais chier, putain de merde . »

« Salut toi ... Je ne m'attendais pas à te voir ici ...»

J’osais espérer la revoir un jour. Nous ne nous étions pas vu depuis un bout de temps, peut-être une semaine, je ne saurais me rappeler exactement. Sa présence me manquait, ses colères, bien que ravageuses, me manquaient, son visage, et ses lèvres délicates… Oui, j’y avais eu droit. Bien entendu, nous étions les seuls à le savoir, cette nuit était une sorte de secret. Personne ne devait en être au courant.
L’odeur du café encore chaud emplit mes narines, alors que mes yeux se fermaient. Mes pensées, plus complexe les unes que les autres me rendaient malade. Parfois, je sentais que ma tête allait exploser, comme un feu d’artifice gigantesque. Mon corps de savait supporter la drogue, et la réflexion en même temps. Exercice difficile, je préférais ne rien faire, dans ces moments là, si mon corps me le permettait.
Le café semblait vide. Etait-il tôt ? Probablement, car il était rare que le Hard Rock Café soit aussi vide. La vue qu’offrait ce café est assez spectaculaire, j’y venais d’ailleurs plus pour ça que pour leur comptoir. C’était dans ces moments là que je ne prenais rien. J’étais comme qui dirait clean, un humain comme un autre. J’avais d’ailleurs réussi à tenir assez longtemps, la dernière fois. Oui, une semaine tout à plus, mais ça, c’était un exploit. Réussir à ne pas se droguer pendant une semaine était une chose tout à fait extraordinaire, mais la suite l’était beaucoup moins. Je ne pouvais pas m’arrêter. Apparemment, j’aime le danger.

La porte s’ouvrit subitement, mais je gardais les yeux fermés. J’essayais de mettre mes pensées de côté, mais la voix qui résonnait non loin de moi m’interpela. Est-ce que je rêvais ? Ce que j’aperçu me le contredit. Etait-ce bien elle, juste en face de moi ?
Mais une chose me frappa ; son sourire. Qu’avait-elle enfin ? J’étais tellement heureux de la revoir, en chaire et en os. Ne voulait-elle plus de moi ? Pourtant, elle s’approcha, m’embrassant la joue au passage, avant de s’asseoir à ma table.

« Salut toi … Je ne m’attendais pas à te voir ici … »

Elle semblait même méditer ses paroles. C’était trop ! Pourquoi faisait-elle ça ?

« Bonjour, Malèa …, ma voix était froide, le reflet même de mes pensées. Heureux de te voir, enfin. »

Mon cœur s’accéléra, battant vite et fort. Je devais, à tout prix, savoir ce qu’elle avait contre moi.

» malèa présentation ' || terminé