Letizia C. Hemingway, la brune aux décisions inattendues

<<-J'ai besoin de cette collection, et plus particulièrement de cette robe le plus rapidement possible! Tout doit être prêt dans trois jours! Vous êtes deux dessus, et si vous me faites quelque chose de convenable, il se peut que vos créations soient portées sur l'un des plus beaux tapis rouge au monde, en France. Allez, on s'y met, plus vite que ça!>>

Letizia, qui venait apporter une veste qu'elle venait de terminer au patron de leur maison de couture, venait d'entendre cette nouvelle, ces ordres, et surtout cette promesse : celle de voir ses créations défiler sur un tapis rouge d'une grande ville de France, et par conséquent, d'être mondialement reconnue. Un rêve pour la jolie brune, qui n'a toujours rêvé que d'une chose : voir ses créations portées par une personne pleine de grâce et reconnue, et pouvoir peut-être, plus tard bien sûr, devenir elle-même styliste. Voyant ces personnes pouvoir, elles, accéder au sommet comme elle en avait toujours rêvé, alors qu'elle n'en avait pas la possibilité, l'envie fit son grand retour, cette envie d'être sous le feu des projecteurs, d'être reconnue pour le travail qu'elle abattait, mais aussi pour que tout le monde sache qu'elle existe, et qu'elle ne soit plus la simple petite stagiaire qui faisait le sale boulot que les personnes ayant un contrat détestaient faire.
Mais pour l'instant, la seule chose qui importait la jeune femme au niveau professionnel était d'obtenir un contrat à longue durée dans cette maison de couture qui l'avait toujours fait rêver. Elle avait bel et bien obtenu un stage, mais les tâches qui lui étaient confiées n'étaient franchement pas très importantes, et ne lui permettraient pas d'obtenir un emploi à plein temps aussi. Et puis, pourquoi ces deux stylistes avaient eu cet emploi, alors que de ce qu'elle avait pu voir, ce qu'elle faisait était bien plus joli et propre que leurs pièces? Déterminée, elle réfléchit... et c'est pour cette raison que Letizia décida très rapidement de faire sa propre version de la pièce maîtresse de la collection : une magnifique robe couleur émeraude qui devrait probablement être portée par l'un des plus belle femme du monde. Une robe qu'elle-même aurait rêvé de porter, et qu'elle essaierait probablement pour se mettre à la place de la femme et de se sentir aussi grande et belle. Entrant rapidement et discrètement dans le bureau du patron, faisant mine de déposer la veste terminée, elle étudia sous toutes les coutures le dessin réalisé de la robe, l'imprimant dans un coin de son cerveau pour pouvoir le reproduire sans problème, et sans le dessin. Elle sortit ensuite rapidement, ayant en tête à la fois ce croquis, mais également celui d'autres robes, qu'elle ferait si elle en avait le temps. Elle était seule après tout, mais plus elle en ferait, plus elle impressionnerait! Et cette fois, ce serait elle qui serait au devant de la scène, et non ces stylistes fainéants qu'elle enviait tant à chaque fois qu'ils remettaient une pièce sur laquelle ils avaient à peine travaillé.

Café, nurofen, mais aussi red-bull et cola rythmèrent ces 72 heures de folies, où le seul sommeil que Letizia s'accordait était des sortes de micro-siestes d'une vingtaine de minutes chacune, répartie tout au long de la journée. Lorsque arriva le moment fatidique, celui où les deux stylistes sélectionnés devaient rendre leurs créations, ou plus précisément une heure avant, Letizia alla frapper à la porte du bureau de son patron, qui lui permit rapidement d'entrer.

<<-Mademoiselle, vous semblez exténuée! Vous arrive-t-il de dormir?>>
<<-Veuillez m'excuser. Mais j'ai cru voir un bon exercice dans ce que vous avez demandé à Giorgio et Stephane. Je me suis permise de réaliser plusieurs de vos créations, étant donné que je n'avais rien d'autre à faire.>>
<<-Vous n'en aviez absolument pas le droit!>>
<<-Je le sais. Mais j'aimerais juste que vous veniez voir ce que j'ai réalisé.>>

Plantée dans le cadre de la porte, la jolie brune attendit. Le patron semblait furieux, mais aussi très étonné de l'aplomb qu'avait la jeune femme. Ah, ce qu'elle pouvait envier cet homme qui, d'un claquement de doigts, pouvait accepter ou virer une personne sans avoir de mauvaise conscience. C'est probablement grâce à son aplomb qu'il se leva, et accepta de venir voir ce qu'elle avait fait. Letizia l'emmena à son plan de travail, et lui en fit faire le tour, lui présentant les cinq robes qu'elle avait réalisées, ainsi que les deux pantalons et le chemisier. Restant près de sa table de travail, elle laissa l'homme tourna à travers ces étoffes, les observer, les toucher, et émettre des grognements dont elle ne connaissait pas la signification. Se permettre de telles choses, pouvoir émettre un jugement clair et précis, quel rêve! Si seulement Letizia pouvait en faire de même...

<<-Où avez-vous trouvé ces étoffes?>>, lui demanda-t-il finalement, tout en lui faisant signe d'approcher.
<<-Il y en avait de toutes sortes dans l'atelier. Je les ai reprises, les plus belles, et celles de meilleure qualité. J'ai simplement fait avec ce que j'ai trouvé.>>
<<-Je ne suis pas content que vous ayez fait cela sans mon accord... mais votre travail est magnifique. Votre limogeage ou contrat dépendra du travail effectué par les deux stylistes que j'avais mis sur la collection!>>, décréta-t-il finalement, avant de quitter l'espace de travail de la jolie brune...

Letizia se rassit donc sur sa chaise, face à sa table de travail. C'était quitte ou double. Soit il adorait, et lui offrait un contrat, soit ses stylistes faisaient mieux, et elle était virée. Sans grand espoir, la jolie brune posa sa tête sur ses bras, ferma les yeux, et s'endormit finalement, totalement exténuée par ces 72 heures passées à travailler.

Ce sont des éclats de voix qui la réveillèrent. Ils provenaient du bureau du chef de la maison de couture, qui semblait engueuler quelqu'un. Ouvrant les yeux, et redressant la tête, la jeune femme reprit espoir, essayant d'attraper quelques paroles au vol pour savoir si cela allait dans son sens ou non. Finalement, la porte s'ouvrit et claqua.

<<-Vous devriez avoir honte! Une stagiaire sans expérience a fait du boulot deux fois meilleur que le vôtre, seule!>>, hurla-t-il en quittant son bureau, avant d'entrer dans l'espace de travail de Letizia : <<-Rentrez chez vous, et dormez. Je vous attends ce soir, à 19 heures, dans mon bureau. Nous signerons votre contrat de travail, et terminerons vos créations qui seront envoyées à Paris.>>, dit-il, quittant ensuite la maison, laissant une Letizia souriante, mais également totalement crevée...

Cette fois, ce n'était pas elle qui allait jalouser ces stylistes qui se préparaient à envoyer leurs créations, non. Ce serait elle qui préparerait tout, retoucherait tout, et aurait la fierté d'y être arrivée!