noah is here ; darling ..

« Tu te souviens, Noah, lorsque tu n’étais qu’un enfant, et que je t’emmenais à l’école…
- Oui, maman. Je m’en souviens. »

Une cigarette à la main, j’écoutais ma mère se remémorer des souvenirs passés de mon enfance. Nous étions dimanche, et j’avais l’ordre de l’appeler chaque week-end pour lui prouver que j’existais toujours en ce bas monde. C’était le prix à payer pour ma fuite, qui avait laissé un goût amer dans la bouche de ma maternelle. Elle aurait espéré que je revienne vivre avec elle. D’ailleurs, je m’imaginais souvent retourner à Phoenix, mais je savais parfaitement que je n’irais pas.
Le ciel s’était assombri, et le soleil descendait sur l’horizon, créant un dégradé de couleurs éblouissant que j’observai à travers la porte vitrée. Ca me rappelé quelque chose… mais je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus…

« … et tes amis étaient tellement gentils, et très polis, oh oui très polis … »

Puis, la voix de ma mère s’étouffa, laissant place à un silence pesant que j’avais créé autour de moi. Mes yeux s’étaient fixés sur un point imaginaire, et la main tenant ma cigarette tremblée quelque peu. Je savais bien ce qui se passé, ce n’était pas la première fois. Las Vegas avait amplifié mon vise, mon péché. J’avais toujours pensé que venir ici avait été la pire connerie de ma vie. Je le pensais encore, mais je n’avais pas la force de me forger une nouvelle vie, autre part. Ma situation ne me le permettait pas.
Je repris mes esprits – juste assez pour pouvoir murmurer ces quelques paroles à ma chère mère ;

« Hm… Maman, je dois … te laisser.
- Oh, déjà ?
-… Ouais…
- Est-ce que ça va ? Qu’as-tu, enfin ?
- Je te rappellerais, maman… au revoir. »

Je ne lui avais pas laissé le temps de répliquer, le téléphone tomba à mes pieds, et je déposais la cigarette dans le cendrier en plaquant mes mains sur mes tempes. La dernière folie ne datait que d’hier, et ma gourmandise augmentée de jour en jour. Mais en fin de compte, qui ici, à Las Vegas, n’avait pas déjà péché dans sa vie ? Personne, j’en étais certain.
J’eus un sourire béat collé au visage lorsque, en ouvrant le tiroir de la petite commode, le plastique bleu m’apparue. J’en avais terriblement envie, là, maintenant. Et puis, qu’est-ce que j’aimais ça ! Ces minuscules pilules qui me rendaient fou de joie. L’effet qu’elles avaient sur moi était indescriptible, j’en raffolais tout simplement.
Ni une, ni deux, j’en pris une et l’avalais. C’était devenu habituel. Le choc vint instantanément, et je m’écroulais à terre, riant aux éclats. Bien, le meilleur resté à venir, et le pire aussi.

Ma tête tournée, et je ne voyais pas clair. Les meubles semblaient volés dans les airs, leurs mouvements étaient irréguliers, et je les voyais tournoyer autour de moi. Ils riaient de moi, ces pauvres tâches !
« Ahah ! J’n’ai pas peur de vouuuus. » Mais, que c’était bon ! L’obscurité devint claire, j’avais l’impression de voler sur un nuage, libre comme le vent. Rien ne pouvait me faire de mal, absolument rien. J’étais juste… bien.
Mais le vent soufflait contre moi, il m’emportait. Méchant, méchant ! Les rires devinrent pleures bien avant que je ne comprenne que le malheur s’approchait de moi. Ma tête était lourde, ô combien lourde. Arriverais-je à la soutenir indéfiniment ? Le rêve avait tourné au cauchemar, mais je me sentais tellement mieux ainsi. Plus rien, juste moi. Moi et le vent pourtant si méchant.

L’effet s’estompa, bien qu’il soit toujours présent. Cela me réconfortait. Je planais, en quelque sorte dans un univers imaginaire bien à moi, et je voulais à tout pris y rester.
Puis, tout devint noir. Le sommeil m’avait emporté.